LA NOUVELLE FAMILLE " PIC EPEICHE".
Comme tous les ans au début du printemps, je pars à la recherche de sujets que j'aimerai bien suivre pendant la belle saison. Les destinations sont aussi multiples que les espèces et si le choix du terrain nous revient, avec toutes les précautions d'approche et aptitudes d'observation; c'est Dame Nature qui nous offre la plupart du temps, l'opportunité de rencontrer l'un de ses protégés et souvent ce n'est pas celui que l'on recherchait...
C'est dans ce but que je parcours depuis fin février, une grande parcelle forestière où j'entends et vois assez régulièrement le Pic noir. Mais cette année encore, pas de trace de loge du roi des Pics sur ce secteur. A force d'avoir le nez en l'air et les oreilles grandes ouvertes, j'ai pourtant repéré une multitudes de "petits" trous, récents ou plus anciens, qui pourraient faire le bonheur de Pics plus petits et moins nobles que le géant noir.
Début mars, pour avoir entendu des cris d'alarme en m'approchant d'un de ces arbres à pics (comme je les appelle), j'ai décidé de m'assoir, en partie dissimulé sous un filet, sur un tas de bois, à bonne distance du tronc. Une petite demie-heure d'attente, sans un bruit ni mouvement et la bonne surprise se produisit: un Pic épeiche s'était envolé du trou que je surveillais, immédiatement remplacé au bord de celui-ci par un mâle qui venait prendre son tour pour couver. Une belle découverte!
Certes le Pic épeiche est le plus commun des picidés, celui qui est le plus couramment photographié dans la famille, mais avoir l'opportunité de suivre un couple dans la belle aventure d'une couvée, me plaît bien. Il va falloir y consacrer du temps et surtout prendre toutes les précautions pour déranger le moins possible cette petite famille.
Le 20 avril, le couple se reliait toujours pour couver avec un manège bien précis. L'oiseau qui était hors du nid s'approchait discrètement du tronc, en essayant de se dissimuler à ma vue,
rapidement, il poussait de petits cris qui invitaient le partenaire "couveur" à libérer la place. Ce scénario se reproduisait toutes les demies heures.
En retournant le 29 avril sur place, changement d'ambiance. Le temps de m'installer, j'entendais le cri d'alarme du Pic. Vite dissimulé sous mon affût, je vis jaillir du trou l'un des adultes, de suite remplacé sur le tronc par son partenaire (le mâle), le bec débordant d'insectes. Les petits étaient nés.
Le travail de nourrissage respecte également un rite bien précis. L'oiseau qui apporte la nourriture reste dans le nid pour nourrir et réchauffer les petits, pendant que le partenaire part à la recherche de proies. Quand il revient, un petit appel près du trou et l'autre lui cède sa place. Ce ballet se répète ainsi toutes les 4-5 minutes mais dans les jours à venir ce rythme va encore s'accélérer.
La sortie du trou se fait à une vitesse impressionnante, qui met à mal la dextérité de nombreux photographes, dont la mienne.
La fréquence de passage permet toutefois de faire ses gammes.
-Coucou je suis là-
-et moi, je suis parti-
- Me voila de retour -
Les adultes ne font que se croiser sur le pas de la porte de la loge.
A chaque fois, le départ est fulgurant dans une explosion de couleurs.
La femelle partie, le mâle peut prendre tranquillement sa place dans le nid et distribuer les friandises qui débordent de son bec.
J'ai changé ma tente de place. Le mâle a l'air surpris et hésite quelques instants
avant de se lancer et de reprendre le rituel du nourrissage.
Dans les prochains jours, le rythme va nettement s'accélérer et bientôt les petits montreront leur frimousse à l'entrée du trou, dans lequel les adultes ne pénétreront plus que pour faire le ménage. L'envol des jeunes Pics épeiches devrait se faire dans une petite dizaine de jours.
Encore de beaux moments à partager !
En attendant, merci d'avance pour votre passage et pour le commentaire qu'il vous a peut-être inspiré.
A bientôt pour la suite de cette aventure.