LE GRAND JOUR POUR LES PETITS CINCLES PLONGEURS.
Depuis le printemps 2013, j'ai la chance de pouvoir suivre durant la belle saison, les évolutions de plusieurs CINCLES PLONGEURS sur trois cours d'eau de ma région. Cet oiseau me fascine et dès mars, je pars tous les ans à sa recherche sur les berges de ces rivières auxquelles il reste fidèle.
Parfaitement bien décrit par Gilbert Blaising: "Voici un oiseau étonnant et unique parmi les passereaux. De la taille d'une grive ou d'un étourneau, comme eux il sait se percher, trotter à terre et voler, mais d'un vol très rapide et tendu comme une flèche. Il pratique avec maestria la plongée, la nage et la marche sous l'eau. Et ce, qui plus est, dans les eaux rapides, tumultueuses et bouillonnantes des torrents et ruisseaux, son domaine quasi exclusif. Il y évolue toute l'année sans nous quitter, même en hiver par des froids rigoureux".
Son portrait:
En Lorraine, l'hiver est encore rigoureux et les torrents et autres ruisseaux à eaux rapides sont plutôt vosgiens que mosellans. Les rares rivières ou ruisseaux à courant rapide de mon secteur nord-mosellan et voisin, offrent pourtant de belles opportunités pour observer cet oiseau unique par son comportement. C'est en attendant le Martin pêcheur sur ma petite rivière préférée, en mars 2013, que j'ai pu photographier, certes de loin, mon premier Cincle plongeur local. Il s'adonnait avec entrain à son exercice favori : plonger.
Le Cincle plongeur passe sa vie près, dans et sous l'eau. C'est un insectivore qui se nourrit d'insectes et de larves aquatiques, de petits crustacés, de mollusques et de vers. Il se nourrira sur les berges en période de crue mais en période normale, c'est sous l'eau qu'il ira se servir.
Quelque soit la force du courant, le Cincle plongeur est capable de marcher et de voler sous l’eau pour capturer ses proies.
La parade pour attirer la femelle a lieu en février-début mars: Les deux partenaires dansent l’un autour de l’autre, le corps dressé et en chantant. Lorsque la femelle accepte la nourriture que lui présente le mâle, la formation du couple est terminée.
J'ai aussi pu l'observer lors de la construction de son nid, une grosse boule de mousse, dont l'entrée se fait par le dessous
Il est souvent garni de feuilles mortes et se trouve fréquemment sous ou à proximité d'une chute d'eau ou d'un pont.
A la recherche du "matelas" du nid.
J'ai assisté à de nombreuses scènes de ravitaillement au nid par les adultes.
En eau calme
Près de la chute d'eau, qu'il devait traverser pour rejoindre les petits au nid.
Cette année, j'avais retrouvé l'un de "mes" couples qui avait eu le malheur de voir son nid emporté par la crue du printemps dernier. Peu importe, ils sont revenus sur le même site, en changeant uniquement de place et en optant pour un support moins exposé au courant.
Le 10 avril dernier, le nourrissage battait déjà son plein et il fallait être vigilant pour ne pas rater l'envol des petits.
C'est mon ami Christian qui a lancé l'alerte "envol des Cincles" en découvrant le lundi 24 avril, cette petite famille fraîchement envolée.
En réalité, quatre petits Cincles venaient de quitter leur nid et faisaient leurs premiers pas dans la "vraie" vie, scène qu'il m'était enfin possible de photographier.
Le plus téméraire dans son nouvel environnement
Deux timides qui préfèrent une cavité dans la berge.
Jusqu'au milieu de l'après midi, les jeunes Cincles sont restés dans un rayon de 10m autour du nid, attendant et réclamant la becquée.
- J'ai faim !!!! -
- Le parent arrive -
- La becquée tant réclamée -
Ces scènes se sont reproduites toutes les 4 - 5 minutes, le temps aux adultes de trouver la nourriture pour les petits affamés.
- Et moi, je n'ai rien reçu !!! -
Les petits avaient vite compris que plus ils étaient "visibles" et mieux ils seraient repérés par l'adulte lors de sa venue. Il fallait donc bouger et se montrer, quitte à s'éloigner petit à petit du "jardin" familial.
Lui s'est perché bien en vue, au pied de la cascade
et ça a marché
Celui-là préfère la grimpette pour se montrer, alors qu'un timide reste en retrait sur la berge.
-Position gagnante-
A peine nourris, les petits affamés en veulent encore, donnant l'impression de continuellement "engueuler" leurs pauvres parents engagés dans un va-et-vient incessant.
Le plus téméraire s'éloigne de plus en plus du secteur natal en longeant la berge
Profitant du moindre perchoir exposé pour se montrer
et pour y être repéré et récompensé
En fin de journée en quittant les lieux, j'ai retrouvé le plus intrépide à une bonne quarantaine de mètres du nid, perché au soleil et attendant la becquée, qui sera encore assurée par les parents pendant une quinzaine de jours.
Après cette période, les jeunes Cincles tourneront le dos à leur site de naissance et chercheront leur propre territoire, souvent à proximité et sur le même cours d'eau.
Même si le Cincle plongeur n’est pas très farouche et tolère bien l'homme à proximité du ruisseau; il lui faut malgré tout des tronçons de cours d’eau abrités des dérangements, pour la recherche de nourriture et la nidification. Il ne supporte, en particulier, pas la présence d’humains ou de chiens dans le cours d’eau lui-même, sur une longue durée ou à répétition. Cette nuisance humaine est certainement à l'origine de la fuite d'un des couples de Cincles plongeurs que je suivais sur un ruisseau prisé par des promeneurs, baigneurs et autres pique-niqueurs...
Alors savoir que sur une autre rivière, quatre jeunes vont bientôt faire entendre leur chant mélodieux avec en fond sonore le doux bruit du courant, me remplit d'aise et je peux dire que je ne suis pas le seul dans ce cas...
Merci d'avance pour votre commentaire sur la nouvelle vie de ces jeunes Cincles plongeurs.
A bientôt.