LE TORCOL FOURMILIER
Un des plus grands ornithologues de notre temps, Paul Géroudet, disait: "Si le Torcol fourmilier n'était pas aussi criard au printemps, il passerait inaperçu. Qui remarquerait cet oiseau gris-brun, un peu plus grand qu'un moineau, mais svelte et allongé? Son plumage aux teintes sombres, finement marqueté et rayé (...) se confond facilement avec l'écorce et le bois mort. Ses allures sont si discrètes qu'on a de la peine à le voir, surtout après la période des chants."
C'est notamment grâce au chant si particulier, que j'ai repéré cet as du camouflage, lors de ma dernière sortie; Il m'a fallu deux heures pour prendre la première photo..
Bien que proche parent des pics, le Torcol fourmilier semble être, à première vue et de loin, un de ces nombreux oiseaux bruns communs. Ce n'est qu'en le regardant de près qu'on remarquera la grande complexité de son plumage avec des motifs rayés, des taches et des ombres subtiles ressemblant à une écorce d'arbre.
A mi-chemin entre plumes et écailles, sa livrée couleur d’automne, d'aspect reptilien, passe inaperçue dans le feuillage des vieux arbres du verger.
Si le Torcol fourmilier est menacé ou dérangé, il se contorsionne et son cou s'étire et se tord à l'extrême, donnant à l'oiseau un air mi-oiseau mi-serpent? qui peut repousser certains prédateurs.
Il passe d’un arbre à l’autre, en perpétuel mouvement. Il lui arrive de se poser à la manière des pics, bien collé au tronc par les griffes et appuyé sur la queue,
puis de bouger très vite et s’installer en travers d’une branche, d’une façon plus classique.
Le bec pointu cache une langue rosâtre, collante et longue de plusieurs centimètres, qu’il enroule d’une façon caractéristique quand il ne cherche pas son mets préféré, les fourmis. Il consomme aussi des insectes et des larves délogés des crevasses de l’écorce où ils se cachent et capture aussi beaucoup d’araignées.
Au contraire des pics, il ne tambourine pas et jamais un Torcol ne creusera lui-même son nid. Il niche dans des cavités naturelles, d’anciens nids abandonnés par d’autres oiseaux ou dans des nichoirs.
Le mâle cherche un site de nidification dès son retour d’hivernage, courant avril. Il inspecte tous les creux occupés ou non. Si un nid est déjà préparé, et même s’il y a des œufs ou des nouveau-nés, il peut éjecter tout ce qui se trouve dans la cavité. Il est habité par une sorte d’instinct destructeur qui le quitte dès que sa propre reproduction est en route.
Quand toutes les possibilités du secteur ont été visitées, et que le territoire est établi, le mâle se met à chanter continuellement pour attirer une femelle qui viendra inspecter les cavités proposées et choisir le site qui lui plaira pour pondre.
Sur mon secteur, la première ponte doit être en cours et ce n'est pas le moment de les déranger.
Comme souvent, deux nichées successives sont menées par les Torcol; je vais attendre le moment du nourissage de la première couvée, période où les parents sont très actifs et assez bruyants près du nid, pour essayer de faire encore discrètement, quelques clichés de cet hôte typique de nos vergers.
Merci d'avance pour vos commentaires.
A bientôt.